en fait
il n’y a rien
ni Univers
ni Terre
ni montagnes
ni océans
ni rues
ni humains
ni poème
ni rien
ni personne
qui ne me prouve
l’existence
de quelque-chose

(théorie des complaintes)

9 petits riens

qui forment un tout


tous les continents
se sont construits dans la même terre
ils se confondent au fond des océans

dans tous les océans
dans toutes les mers
dans toutes les rivières
dans chaque nuage
même dans ton corps
c’est la même eau

nous
sommes tous
des nuages
puisque le ciel commence
juste au-dessus du sol

tes veines
sont pleines
de bleus
du ciel :
les sens-tu
entrer dans
tes alvéoles
et tes artères ?

moi mon sang est un genre de mélange
de cailloux de torrents de courants d’air d’étoiles
et toi ?

la tête dans l’univers
et le pied au plancher
sur notre grand vaisseau-planète
on avance tous vers le néant

fuir l’inconnu
pour retrouver
le vide
en nous

le secret
de la vie
se cache dans un noyau
sous la membrane d’une cellule
sous une peau recouverte de tissu
entre les quatre murs de la maison
derrière la clôture d’un jardin
de ce côté du panneau qui borne la ville
avant la frontière d’un pays en pleine prairie
à l’intérieur d’une atmosphère criblée de trous
dans l’enceinte d’une ceinture d’astéroïdes perdus
au milieu d’un interminable vide intergalactique
avant la légendaire limite de l’univers connu
se cache le secret de la vie
(et après aussi)

il est plus important
celui qui n’appartient
à rien

Rien

quelquechose

il n’y a rien
ni univers
ni Terre
ni montagnes
ni océans
ni rues
ni humains
ni poème
ni rien
ni personne
qui ne me prouve
l’existence
de quelque-chose

 

On the road again

le village perdu

rien
à l’horizon
plat
de ce patelin de six
maisons sauf
du vent un bar et la serveuse maigrichonne et
blasée
on est quand même très
loin de la jolie actrice d’un film trop loin
de tout

il

siffle une bière collante
et fuit
sur la route

Le berger des nuages

ils forment la pensée du bien quand ils s'amalgament et la pensée du rien quand ils se dissolvent puis s'autodissipent ou bien s'entramalgament au nom de ces pensées-mêmes dans le ciel bleu du mois d'avril du moins aux yeux du berger des nuages qui n'est plus qu'un nuage parmi les nuées à demi sommeillant et pensif dans le flou de ses propres pensées

C’est quand même bien l’amour

comme si j'avais enfin réuni les moitiés d'un symbole ancestral et compris tout à coup le sens de ce puzzle (sauf que je suis moi-même une des parties brisées que tu es l'autre et que tu n'as plus besoin de rien d'autre que d'être une avec moi) rien n'a plus d'importance la corne d'abondance ou la boîte de Pandore mon amour je t'adore

Rien

il n'y a rien ni univers ni vide ni Terre ni atomes ni montagnes ni plaines ni villes ni forêts ni buildings ni arbres ni rues ni fleuves ni foules ni personnes ni cafetières ni fleurs ni sexes ni cailloux ni cycles ni machines à laver ni saisons ni métro-boulot-dodo ni matins ni soirs ni rêves ni plumards ni poème ni usine ni béton ni oxygène ni milliardaire ni clodo ni président ni dame-pipi ni macho men ni travelos ni homme ni femme ni porc ni tamanoir ni éléphant ni fourmi ni frigo ni fourneau ni sécheresse ni cataractes ni rires ni pleurs ni sentiment ni ordinateur ni point ni trait ni toi ni moi ni bonne sœur ni putain ni gros mot ni réel ni guerre mondiale ni partouze générale ni rupture ni liaison ni endroit ni envers ni gouffre ni échelle ni j'en passe ni meilleures il n'y a rien ni rien ni personne qui ne me prouve l'existence de quelque-chose

Trou noir

Personne ne vit Nul n'est heureux Rien ne se passe que Quelque part par Certains jours N'importe quand à Chaque fois Partout Ailleurs Tout s'annulant à Chaque fois qu'On n'est Rien d'Autre qu'On est Tout Un